Les Billets de Monocle

There’s a shark in my lipstick ?!

27 avril 2023

Nous continuons de voir apparaître des choses à faire dans les obligations convertibles.

Cette semaine Amyris, biotech américaine, spécialisée dans la création d’ingrédients à partir de plantes pour l’industrie alimentaire et cosmétique. Ce que fait Amyris, c’est de la biologie de synthèse c’est à dire de modifier des bactéries/microbes afin qu’ils puissent produire naturellement des molécules utiles à l’homme.

L’histoire commence il y a vingt ans, dans le laboratoire Keasling de Berkeley, lorsque Jay Keasling et son équipe de post-doctorants mettent au point une méthodologie permettant de produire du pyrophosphate d’isopentényle, à des taux ayant un potentiel commercial, à partir de sucres fermentés par des levures. Ceci leur a ouvert la voie à une famille de quelque 50 000 molécules ayant des applications ou des voies d’accès aux produits pharmaceutiques, aux parfums, aux cosmétiques et aux carburants.

Première application : financé par la fondation Gates, ils développent un médicament antipaludique pour remplacer la chloroquine, devenue ineffective contre les nouvelles formes de paludisme. La molécule d’Amyris permet de diviser par dix le prix de revient de ce traitement qui sera revendu sans royalties à Sanofi, permettant à des millions de patients de se soigner.

Deuxième application : Ils sont ensuite partis sur le secteur des biocarburants, pour générer un diesel écologique. Techniquement cela a été une réussite, mais financièrement le prix de revient était trop élevé pour être compétitif. Amyris s’engage en 2010 sur le développement d’un biocarburant pour se substituer au diesel. Ils font venir alors un nouveau PDG, John Melo, de BP. Celui-ci introduit la société en bourse et présente des plans audacieux de développement sur le biocarburant. Ce sera un échec techniquement : ils ont le produit mais son prix de revient le rend non compétitif. La sanction boursière est violente avec une baisse de 90% du cours.

John Melo pivote alors la société vers les composants chimiques à valeur ajoutée. Elle développe ainsi du squalène, appelé ainsi car à l’état naturel il se trouve dans le foie des requins, en particulier ceux des hautes profondeurs. A l’époque le nombre de requins pêchés chaque année pour le squalène est estimé à trois millions.  La molécule d’Amyris permet de changer cela. La société signe deux accords avec des fabricants de cosmétiques. Et, voyant la sensibilité du public à ces problématiques, sort également une marque en propre, Biossance.

L’histoire est belle mais les chiffres restent petits (chiffre d’affaires annuel autour de $200M et la société perd de l’argent chaque année). Elle se finance en vendant les droits de ses molécules à ses principaux clients. Elle vient ainsi de vendre trois molécules à Givaudan, le groupe suisse spécialisé en fragrance (capitalisation : CHF 29 Mds).

« Nous sommes fiers d’élargir notre portefeuille Active Beauty avec ces actifs cosmétiques clés issus de notre partenaire historique Amyris. Neossance Squalane, Neossance Hemisqualane et Cleanscreen offrent de la valeur ajoutée en répondant aux attentes de nos clients pour des solutions beauté innovantes, durables et efficaces », explique Markus Rassmann, responsable Active Beauty chez Givaudan.

En complément, Givaudan et Amyris ont signé un accord de partenariat de long terme en vertu duquel Amyris continuera à fabriquer des ingrédients cosmétiques pour Givaudan et à lui donner accès à ses capacités d’innovation. Givaudan deviendra le partenaire commercial des futurs ingrédients durables d’Amyris dans le secteur de la beauté.

Et elle émet aussi des obligations convertibles. Celle qui nous intéresse a été émise en novembre 2021, quand l’euphorie régnait et que l’action valait $7. Depuis l’action a été divisée par dix et la convertible a suivi. Elle vaut désormais 24 cts/$. Le principe est le même que sur Beyond Meat la semaine dernière : si Amyris ne fait pas défaut, nous ferons quatre fois la mise sur ce dossier.

Si on raisonne un cran plus haut, si sur un portefeuille de dix lignes de ce type, la moitié vont à zéro et l’autre moitié fait x3, le total fera +50%. Donc valoriser ce genre de papier cela consiste essentiellement à estimer la probabilité de défaut sévère de l’entreprise. Pour nous, vu les produits, les contrats et le savoir-faire d’Amyris, cette probabilité est ici inférieure à 50%.

 

PS:

Une correction sur Beyond Meat: suite au billet de la semaine dernière, j’ai reçu quelques emails sur les 15.000L d’eau pour un kilo de viande de bœuf. Je suis allé vérifier. Ce chiffre est vrai. Mais 93% de ces 15.000 litres proviennent d’eau de pluie sur les pâturages. Donc il est vrai mais trompeur et cela méritait cette précision.

Avertissement

Cette présentation est un document à caractère promotionnel. Le contenu de ce document est communiqué par et est la propriété de Monocle Asset Management. Monocle Asset Management est une société de gestion de portefeuille agréée par l’Autorité des Marchés Financiers sous le numéro GP-20000040 et enregistrée auprès de l’ORIAS en qualité de courtier d’assurance sous le numéro 10058146. Aucune information contenue dans ce document ne saurait être interprétée comme possédant une quelconque valeur contractuelle. Ce document est produit à titre purement indicatif. Les perspectives mentionnées sont susceptibles d’évolution et ne constituent pas un engagement ou une garantie.   L’accès aux produits et services présentés ici peut faire l’objet de restrictions à l’égard de certaines personnes ou de certains pays. Le traitement fiscal dépend de la situation de chacun. Le fonds mentionné dans le document (Monocle Fund SICAV) est autorisé à la commercialisation en France et éventuellement dans d’autres pays où la loi l’autorise. Préalablement à tout investissement, il convient de vérifier si l’investisseur est légalement autorisé à souscrire dans le fonds. Les risques, les frais et la durée de placement recommandée des OPC présentés sont décrits dans les DICI (documents d’information clé pour l’investisseur)/KIDD (key investor information documents) et les prospectus, disponibles gratuitement auprès de Monocle Asset Management et sur le site internet. Le DICI doit être obligatoirement remis aux souscripteurs préalablement à la souscription.   Les performances passées ne sont pas un  indicateur  fiable  des  performances futures. Monocle Asset Management ne saurait  être  tenue  responsable  de  toute  décision  prise  ou  non  sur  la  base  d’une information contenue dans ce document, ni de l’utilisation qui pourrait en être faite par un tiers. L’investisseur peut perdre tout ou partie du montant de capital investi, les OPC n’étant pas garantis en capital.

Pour vous désabonner ou pour toute demande d’information, vous pouvez nous écrire à monocle@monocle.lu

Fermer

Comment souscrire ?

Important à savoir