« x2 »
18 juillet 2024
Hier (brièvement), l’action Aurora Innovation a touché $5.24. Ce cours représente une hausse de +104% depuis que nous l’avons acheté il y a un mois et demi. C’est évidemment une excellente nouvelle. Mais elle ouvre une question : que fait-on avec une ligne qui double en deux mois ?
La réponse est plus compliquée qu’il ne semble au premier abord.
Il y a bien ce vieux dicton « Personne ne s’est jamais appauvri en prenant ses profits. » Mais j’ai en tête cette anecdote de David Rosenberg, ex-Chief Economist de Merrill Lynch: en 2002 il avait acheté des actions Amazon après l’explosion de la bulle tech vers $1.00. Un an plus tard il les vend, content de lui, avec un profit de +100%. Ce faisant il est passé à côté d’un presque x100 (Amazon vaut $188 aujourd’hui). Donc je prends dans ma trousse le gros marqueur noir indélébile et je rature soigneusement ce dicton.
En plus élaboré, j’ai retrouvé ce papier (cf. bas de l’article) de Robert Kirby de 1984, ex-patron de Capital Group – un des plus grands gérants d’actifs mondiaux. Dans les années 50, Kirby était un jeune banquier privé. Une de ses clientes l’appelle et lui annonce que son mari vient de décéder. Il avait toujours géré son portefeuille lui-même mais maintenant qu’il était parti, elle voulait que Kirby reprenne la gestion. Il accepte bien sûr, et découvre avec amusement en ouvrant le portefeuille du mari que celui-ci copiait dans sa gestion les opérations de sa femme mais avec une petite différence : il ne vendait jamais rien. Il mettait $50,000 dans chaque idée envoyée par Kirby puis jetait le certificat au fond d’un tiroir, n’accordant aucune attention aux recommandations de vente.
Le plus surprenant était le résultat : le portefeuille du mari valait nettement plus que celui de l’épouse. Bien sûr, il était étrangement constitué ce portefeuille, avec un grand nombre de lignes valant presque rien. Mais quelques-unes valaient plus de $1 million et une des lignes venait d’une société qui était devenue par la suite Xerox. A l’ouverture du testament, cette ligne seule valait $8 millions.
Enseignement : quand on arrive avec son sécateur pour faire quelques coupes dans le portefeuille, bien avoir conscience qu’on peut se séparer d’une jeune pousse qui allait devenir un arbre.
Armés de toute cette sagesse historique, nous voilà hier soir face à notre cas Aurora :
a/ en négatif, aucune nouvelle positive pour expliquer cette hausse. La dernière nouvelle significative du secteur est le 2ème tour de Waabi, un concurrent agressif, financé par Nvidia et Uber.
b/ en positif, en valorisation on est à $6 Mds de capitalisation : pas rien, mais cela peut valoir nettement plus – pas l’endroit ici pour rentrer dans l’exercice de valorisation mais « nettement plus » veut dire ce que ça veut dire.
c/ en gestion de risque, cette ligne où nous avions investi 2% du fonds représentait désormais 4.0%. Avec une volatilité à 80% et un beta de 3.0, ça donne un petit effet qui me rappelle la Peugeot 205 GTI 1.9 qu’on empruntait à mon oncle dans ma jeunesse [pour ceux qui ne connaissent pas, ici face à une Lamborghini Huracan]***.
C’est la gestion du risque qui nous a fait bouger et nous avons réduit notre ligne de 25% hier. Maintenant, comme l’homme de l’histoire, nous avons remis le certificat dans le tiroir. L’action perd 10% aujourd’hui, peu importe. On se reconcentre sur l’essentiel : la capacité de Chris Urmson, Sterling Anderson et Drew Bagnell à délivrer leurs camions autonomes.
***(toutes mes excuses à ceux qui ont vraiment cru que la 205 pouvait battre la Lambo 🙂)
Focus marchés et portefeuille
Comportement
Le Billet de la semaine dernière est tombé à pic (vous pouvez le relire en cliquant ici) avec le retournement en fin de semaine des grosses capitalisations par rapport aux plus petites : en cinq jours le Russell 2000 est en hausse de +9% et les Mag 7 en baisse de -7%. Le résultat entre le 5 et le 12 juillet, c’est que Monocle fait +2.5% quand le CAC 40 fait +0.6% et le S&P 500 +0.9%.
Mais qui sont les responsables d’un tel rebond ? Le premier c’est Aurora dont je viens de vous parler dans le Billet. +60bps cette semaine. Le second, c’est Ouster, spécialiste américain des lidars. Médaille d’argent avec 55bps. Enfin, c’est notre position sur les taux longs américains qui vient compléter le podium avec 35bps.
Lignes
Parfois il faut se prendre deux tartes pour bien comprendre la leçon. Sur Téléperformance c’est un peu ce qui s’est passé pour nous. On était entré sur le spécialiste de la relation client, principalement attiré par la valorisation, sans trop se préoccuper des menaces de l’IA. On s’est pris la claque Klarna en début d’année mais on était resté dans le navire, persuadé que la structure de l’industrie resterait favorable à Teleperf’. On a vu le titre remonter jusqu’à aujourd’hui. On s’est pris la deuxième baffe de l’IA avec l’arrivée de Salesforce, un concurrent plus que sérieux. Le résultat, c’est qu’on tombe à l’eau et la thèse d’investissement d’Antoine aussi : on a soldé notre ligne aujourd’hui, tout comme celle dans Concentrix (le #2 du secteur).
La tasse est salée : on a perdu 70bps au total sur nos investissements.
On est également sorti de U-Haul cette semaine, avec une petite plus-value. En poussant notre recherche, on estime que le risk/reward actuel ne justifie pas une position dans ce titre actuellement.
Enfin, comme expliqué dans le billet, on a cédé un quart de notre position dans Aurora Innovation. Il nous en reste 3%.
Aujourd’hui, notre exposition action brute est à 45% (nette 34%). On reste avec notre position sur les taux longs US à 32% et nos obligations corporate à 13%.
Excellente fin de semaine,
Charles
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