J’aime bien écrire. Dans un monde idéal, je prendrais le temps de vous ciseler un billet, confortablement installé à mon bureau, une tasse de café à portée de main, en robe de chambre damassée. Dans la vraie vie, avec une semaine marquée par Ouster à +48%, Oklo +44% et Ginkgo +35%, on remettra le ciselage littéraire à plus tard.
Je réduis ces lignes les unes après les autres, car même si certaines valeurs ont bénéficié de bonnes nouvelles (Ouster retenu par la US Navy pour équiper ses drones ; Oklo qui progresse sur sa licence), les valorisations atteintes aujourd’hui correspondent à celles qu’elles devraient avoir dans quelques années… si tout se passe bien.
Pour donner un exemple : j’ai vendu Oklo la semaine dernière lorsqu’elle est montée à $50 sur fond d’annonces pro-nucléaires de Trump. Hier, elle grimpait encore d’un étage, atteignant $66. « Dommage ! » m’a dit Max. Bien d’accord avec lui, mais déjà à $50, la capitalisation boursière s’élevait à $7 Mds pour une société qui, si tout va bien – et ce « tout » englobe l’obtention de la licence, la construction et l’exploitation de plusieurs dizaines de centrales nucléaires, un poil plus complexe qu’une pompe à chaleur – réalisera environ $1 Mds de chiffre d’affaires annuel. J’ajoutais qu’il faudra financer tout cela, ce qui pose la question des augmentations de capital. La réponse ne s’est pas fait attendre : hier soir, après la clôture, Jacob DeWitte, le patron d’Oklo, a annoncé une levée de fonds de $400 M. Quelque part, lui aussi se dit que c’est un bon moment pour vendre des actions OKLO.
Plus largement, ces valorisations désormais élevées sont le signe d’un retour de l’euphorie. Ce phénomène n’est pas encore généralisé — parmi les très grosses capitalisations, seules Microsoft et Meta tutoient leurs plus hauts historiques — mais le marché est tout de même remonté très vite. Et les valeurs citées plus haut me semblent plus représentatives de l’ambiance générale.
Pour donner une idée de ce « très vite », les équipes de MAN (gros hedge fund avec $175 Mds sous gestion) ont publié le graphique suivant: