Les Billets de Monocle

The Death of Accounting

14 juin 2023

Baruch Lev

En 2016 Baruch Lev sortait son livre « La Mort de la Comptabilité ». C’est un domaine qu’il connaît bien: il a fait toute sa carrière comme professeur de comptabilité à l’université Stern de New York.

Son constat de base est simple:

1/ les principes comptables sur lesquels sont établis les comptes des sociétés datent d’il y a plus de cinquante ans. Ils n’ont donc pas suivi l’évolution de la vie des sociétés;
2/ la valeur des sociétés aujourd’hui repose de plus en plus sur les actifs incorporels;
3/ ces actifs incorporels sont sous-évalués par les méthodes comptables classiques;
4/ par conséquent ces sociétés affichent des pertes comptables mais qui ne sont pas de véritables pertes.

En effet, une grosse partie des dépenses traitées comme des coûts (telles que la R&D) devraient être selon lui traitées comme des dépenses d’investissement, puisqu’elles contribuent à créer ces actifs incorporels.

En appliquant sa méthode, les coûts de la société diminuent et les pertes deviennent ainsi des profits.

Baruch Lev souligne d’ailleurs que la plupart des investisseurs font ainsi. Il citait comme anecdote que le nombre de téléchargements moyen des rapports financiers sur le site de la SEC est de 28 le jour de leur publication. Quand un étudiant lui dit : « Vous voulez dire 28.000 ? »,  Baruch Lev a répondu « Non, 28 personnes ! Il y a plus de gens qui travaillent au FASB* que de gens qui lisent les rapports financiers ! »

Et comme illustration du phénomène, il lui semble donc normal de voir de plus en plus de sociétés perdant de l’argent dans les marchés actions internationaux (graphique ci-dessous publié dans une opinion de Baruch Lev dans le Financial Times en juin 2021 – « Don’t be fooled by corporate losses »)

Source : Financial Times

Evidemment le premier exemple de Baruch Lev c’est Amazon. Il cite un de ses confrères  qui commence sa classe en demandant à ses étudiants « Investiriez-vous dans une société qui a fait des pertes pendant dix années de suite? » Les élèves répondent bien évidemment non, pour apprendre alors qu’ils seraient millionnaires s’ils avaient investi car il parle d’Amazon.

Je comprends et je suis d’accord avec son raisonnement sur le fond. Mais le problème c’est son application. Les règles comptables sont comme leur nom l’indique des règles. Donc on ne peut pas faire n’importe quoi – cela n’empêche pas certains de les tordre mais il y a des limites. Au contraire, dans les résultats ajustés, où il n’y a pas de règle, la latitude du management est beaucoup plus large. Bien évidemment, cette latitude est plutôt utilisée pour rosir que pour noircir.

Alors qu’est-ce qui nous reste pour faire le tri? Comme dans le film Usual Suspects, j’ai aligné ici les quatre plus grosses capitalisations US:

Apple $2.900 Mds,
Microsoft $2.400 Mds,
Alphabet $1.600 Mds,
Amazon $1.300 Mds.

Maintenant voici le cash net généré, après investissement, par ces sociétés sur les 5 dernières années:

Apple $350 Mds,
Microsoft $180 Mds,
Alphabet $190 Mds,
Amazon $0 (zéro) Md.

Peut-être pas nécessaire de réinventer la comptabilité.

 

*FASB: Federal Accounting Standard Board, régulateur américain des règles comptables

Avertissement

Cette présentation est un document à caractère promotionnel. Le contenu de ce document est communiqué par et est la propriété de Monocle Asset Management. Monocle Asset Management est une société de gestion de portefeuille agréée par l’Autorité des Marchés Financiers sous le numéro GP-20000040 et enregistrée auprès de l’ORIAS en qualité de courtier d’assurance sous le numéro 10058146. Aucune information contenue dans ce document ne saurait être interprétée comme possédant une quelconque valeur contractuelle. Ce document est produit à titre purement indicatif. Les perspectives mentionnées sont susceptibles d’évolution et ne constituent pas un engagement ou une garantie.   L’accès aux produits et services présentés ici peut faire l’objet de restrictions à l’égard de certaines personnes ou de certains pays. Le traitement fiscal dépend de la situation de chacun. Le fonds mentionné dans le document (Monocle Fund SICAV) est autorisé à la commercialisation en France et éventuellement dans d’autres pays où la loi l’autorise. Préalablement à tout investissement, il convient de vérifier si l’investisseur est légalement autorisé à souscrire dans le fonds. Les risques, les frais et la durée de placement recommandée des OPC présentés sont décrits dans les DICI (documents d’information clé pour l’investisseur)/KIDD (key investor information documents) et les prospectus, disponibles gratuitement auprès de Monocle Asset Management et sur le site internet. Le DICI doit être obligatoirement remis aux souscripteurs préalablement à la souscription.   Les performances passées ne sont pas un  indicateur  fiable  des  performances futures. Monocle Asset Management ne saurait  être  tenue  responsable  de  toute  décision  prise  ou  non  sur  la  base  d’une information contenue dans ce document, ni de l’utilisation qui pourrait en être faite par un tiers. L’investisseur peut perdre tout ou partie du montant de capital investi, les OPC n’étant pas garantis en capital.

Pour vous désabonner ou pour toute demande d’information, vous pouvez nous écrire à monocle@monocle.lu

Fermer

Comment souscrire ?

Important à savoir