Les Billets de Monocle

Duolingo d’or

26 June 2024

Luis Von Ahn

 

Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant vous vous êtes déjà tous servis de ses produits

 

Luis Von Ahn est né au Guatemala en 1978. Surdoué en maths, il part étudier aux Etats-Unis, d’abord à Duke University, suivi d’un doctorat en Computer Science à Carnegie Mellon. Le titre de sa thèse, en 2005, c’était « Human Computation » en référence aux méthodes qui combinent la force cérébrale humaine et les ordinateurs pour résoudre des problèmes que ni l’un ni l’autre ne pourrait résoudre seul. Pendant son séjour à Carnegie, il assiste à une conférence donnée par le responsable scientifique de Yahoo sur les 10 plus gros problèmes de Yahoo. L’un d’entre eux se démarquait : comment stopper les pirates informatiques qui développent des robots enregistrant des milliers d’adresses électroniques pour envoyer des spams ?

 

Von Ahn commence à réfléchir à ce problème et crée avec quelques complices le concept de CAPTCHA pour « Completely Automated Public Turing test to tell Computers and Humans Apart. » Les CAPTCHA sont des tests pour qu’un site internet détermine si l’utilisateur en face de lui est un humain ou un robot. Nécessaires pour éviter qu’une société offrant des emails gratuits – Google par exemple – ne voit s’ouvrir des milliers de faux comptes. Les premiers CAPTCHA étaient simples – reconnaître un mot écrit avec certains caractères tordus. Jeune (20 ans à l’époque), Von Ahn passe sa trouvaille à Yahoo.

 

Exemple d’écritures tordues de CAPTCHA

 

A l’époque les ordinateurs ne savaient pas réaliser ce type de test. Plus intéressant encore, en remplissant le CAPTCHA, vous étiez enrôlé dans un projet plus grand que vous. Il y a quinze ans, lorsque vous tapiez dans les cases le mot correspondant à celui écrit en lettres tordues, vos résultats étaient utilisés par Google pour améliorer son programme de reconnaissance de caractère. En 2011, Luis Von Ahn estimait que chaque jour 200 Millions de CAPTCHA étaient renseignés. A 10 secondes par CAPTCHA, cela faisait à l’époque 500.000 heures par jour de Brainpower pour améliorer la reconnaissance d’écriture. Von Ahn a l’idée d’en faire un business. Il crée ReCAPTCHA, réglant à la fois le problème des spammers et offrant un taux de reconnaissance de caractères de 99% à ses clients. Parmi eux, un plus important que les autres : Google qui veut numériser tous les livres de la planète. En 2009, Google rachète reCAPTCHA. [Et aujourd’hui Google s’intéressant à la conduite autonome, il ne nous montre plus des mots mais des vélos et des feux rouges pour que l’humain aide le logiciel à apprendre la conduite autonome.]

 

Revenons à Luis : une fois reCAPTCHA vendu, il se lance sur un nouveau projet : l’éducation. Il est d’abord professeur à Carnegie, mais il veut avoir plus d’impact. Il avait été particulièrement marqué dans son enfance au Guatemala – pays où le PIB par habitant est la moitié du niveau du Brésil – par le fait que l’apprentissage de l’anglais était à la fois indispensable et hors de prix. A l’époque le leader est une société nommée Rosetta Stone, qui vend sa méthode sur un CD pour $600. Il se lance donc en 2012 et crée DUOLINGO – la boite qui nous intéresse aujourd’hui – une application pour apprendre les langues.

 

Avec l’aperçu donné au début sur ce que Von Ahn a fait avec le sujet nettement plus simple du CAPTCHA, vous imaginez qu’il a utilisé la même créativité pour que Duolingo soit un succès. Von Anh comprend que pour qu’une app éducative marche, il faut d’abord qu’elle soit utilisée, peu importe la méthode. C’est comme à la gym : avant de savoir si le mieux c’est le rameur ou le stepper, il faut d’abord aller à la salle ! Donc la stratégie de Von Ahn est simple : pour que Duolingo soit un succès, il lance la « gamification » de l’éducation. Par un design ludique et une stratégie de communication efficace – un chiffre là-dessus : Duolingo a plus d’abonnés Tiktok qu’Apple ou Nike – l’application devient un succès.

 

Le nombre d’utilisateurs suit : de 500.000 en 2012 au lancement, on passe à 25 Millions en 2014. Les tours de table se suivent également, même si personne chez Duolingo ne se préoccupe de monétisation. Ce jusqu’à un jour de 2015, après un 4e tour où la société avec désormais 100 M de users, lève $45 M sur une valorisation de $470 M avec comme premier participant Google Capital. Le soir du closing, Laela Sturdy, de Google Capital, emmène Luis von Ahn au bar d’à côté et lui tint à peu près ce langage :

 

« Luis, tu viens de lever de l’argent de Google, c’est-à-dire d’une des trois plus riches boites au monde. Au-dessus il n’y a rien. Donc si tu veux, dans un an, faire un prochain tour de table plus ambitieux, tu dois répondre à cette question simple : « How are you going to make some money? »

 

En tant qu’actionnaires, nous pouvons remercier Laela car grâce à son input nous avons aujourd’hui une société qui n’a pas sacrifié sa rentabilité pour sa croissance : le chiffre d’affaires a plus que doublé en deux ans pour atteindre $531 M en 2023, et le résultat net est positif ($16 M).

 

Attention, Duolingo c’est très, très cher : à aujourd’hui la capitalisation boursière est de $8.8 Mds, soit 15x les ventes des 12 derniers mois. La volatilité de l’action tourne autour des 80%. Mais si on regarde un peu plus loin, on voit qu’on a toujours beaucoup de croissance (au-dessus de 50% pour le nombre d’utilisateurs quotidiens et le nombre d’utilisateurs payants au dernier trimestre). On a un marché global qui s’étend désormais à toute l’éducation car Duolingo vient de rajouter la musique et les maths à son répertoire. Et on a un des plus brillants entrepreneurs de tech de l’époque. D’ici 5 ans il y a peu de chances que Luis Von Ahn ne développe pas un business suffisamment important pour justifier les niveaux de valorisation actuels – donc le risque à la baisse est relativement limité. Et il y a des scénarios à la hausse si la révolution Duolingo se poursuit.

 

Enfin aujourd’hui, avec l’arrivée de l’IA, avec comme fondateur quelqu’un dont la thèse de recherche était « Human Computation » il y a 15 ans, je pense qu’on a plus de chance de surfer cette vague que de se la prendre dans le museau. On en a 2% dans le fonds.

 

Market and portfolio focus

Behaviour:

Après le tourbillon post élections sur le CAC 40, la semaine dernière a été plutôt clémente avec +1.7%. Le S&P termine légèrement positif (+0.6%), tout comme nous.

On notait la semaine dernière que le titre avait « été entraîné dans le tourbillon du CAC 40 et nous [avait] coûté 30bps (on devrait les retrouver cette semaine après son rebond). » C’est partiellement fait : 20bps de contribution cette semaine. En dehors, pas de grand mouvement. Concentrix publie cette semaine, on devrait y voir un peu plus clair sur leur avenir.

 

Lines:

Deux sorties cette semaine dans le fonds. On avait mis un pied dans Grab il y a quelques semaines mais en affinant notre recherche, on a compris que ce n’était pas le cheval qu’on pensait avoir. On sort sur notre niveau d’entrée.

L’autre sortie c’est LVMH. On avait profité du tourbillon mentionné quelques lignes plus haut pour prendre une position. La situation s’est calmée bien plus vite que ce qu’on anticipait et on est revenu au cours d’avant les élections. On a préféré réduire notre risque et on l’a soldée sous les 740€.

Notre exposition brute action baisse à 53% (nette 40%) et notre exposition crédit corporate et taux courts américains reste à 28%.

 

Have a great week,

Charles

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